Bruxelles, Ypres envoyé spécial.
Une débâcle. Celle d'une entreprise. Celle aussi de milliers de petits actionnaires belges aujourd'hui ruinés. Maquillages de comptes, argent évaporé... Des malversations financières commises au plus haut niveau de l'entreprise ont précipité Lernout & Hauspie dans une chute aussi fulgurante que l'ascension qui l'avait précédée. Petite PME belge spécialisée dans les logiciels d'analyse du langage humain, Lernout & Hauspie était devenue en quelques années une multinationale de 5 500 salariés, caracolant sur le Nasdaq, le marché boursier américain des entreprises high-tech. Si réputée que Microsoft avait acquis 10 % de son capital.
Dans le gigantesque hall de verre, trois pendules côte à côte marquent l'heure à Boston (le siège américain), à Tokyo et... à Ypres. Symbole d'une entreprise un temps portée par les marchés boursiers et présente sur tous les continents. Une société qui avait transformé une petite bourgade belge des Flandres en un pôle de haute technologie. Jusque-là, Ypres était connu pour sa compétence drapière au Moyen Age et ses champs de bataille lors de la Première Guerre mondiale. Originaires de la région, les deux fondateurs, Jo Lernout et Pol Hauspie, en étaient devenus les héros, allant jusqu'à mettre sur pied, à côté de leur siège social, la Flanders Language Valley, une zone d'activité présentée comme une sorte de Silicon Valley à l'européenne. Pour en financer le développement, ils ont créé une fondation et placé à sa tête J