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De filles en aiguille

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Les trois soeurs, le père et le frère Khalifa font prospérer la marque Héléna Sorel.
publié le 15 janvier 2001 à 21h50

Marseille, envoyée spéciale.

A peine le hall franchi, on tombe sur lui, le père, immense gaillard de 63 ans, costume épaules carrées. Dans l'organigramme de l'entreprise, Bernard Khalifa n'est rien. Dans la famille, il est le patriarche régentant d'un amour sévère la vie de ses quatre enfants. Corinne, l'aînée, est la main créatrice. Elle dessine les modèles Héléna Sorel, ligne de vêtements pour bourgeoises de province gentiment émancipées. Elle semble douce et évaporée comme sa chevelure. Elle travaille comme une folle, toute inquiète de bien faire tourner la boutique. «Je me dois de leur remettre une collection clés en main tous les six mois», dit-elle. L'avenir des siens dépend de son talent. Ses vêtements lui ressemblent: de l'originalité chatoyante canalisée par de sages lignes de bon goût.

Au départ, il y a donc Corinne, 40 ans, avec ses crayons et ses chiffons. Longtemps, elle a tenu une boutique appartenant au père à Marseille. Corinne mêle aux vêtements griffés ses propres créations. Ça plaît sur la Côte. Son père s'en mêle, donne de l'ampleur au commerce. Avec l'argent de la tante, la soeur de maman, l'entreprise Héléna Sorel est créée en 1992. Bernard Khalifa lance le moteur, passe vite la main à Bruno. C'est le fils, unique au milieu de trois filles, le petit roi. «Le cerveau de départ, dit Corinne de cette admiration dont bénéficie toujours le garçon de la famille. Sans lui, je serais en train de faire du sur mesure pour quatre ou cinq copines.» Bruno a les cheveu