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L'apprentissage en décalage

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Patrons et apprentis ne font pas toujours bon ménage. Enquête.
publié le 15 janvier 2001 à 21h50

L'apprentissage peut se vanter d'être un véritable sas vers l'emploi. En moyenne, huit apprentis sur dix trouvent un poste après leur scolarité mi-étudiante, mi-salariée. C'est aussi la meilleure voie pour devenir artisan, la moitié d'entre eux en sont issus. Sur les conditions d'emploi des apprentis, par contre, peu de choses filtrent. Et beaucoup de progrès restent à faire. La médecine du travail, réunie en congrès national à Lille, en juin dernier, dénonçait les abus de la filière: «Il n'est pas rare de voir des apprentis faire 70 heures par semaine. Ce sont eux, avec les saisonniers, qui font tourner les restaurants de la côte», expliquait le docteur Valérie Castagliola, exerçant à Montpellier (1). Des propos relayés par des études récentes menées par d'autres médecins. Dans la Vienne, ils ont pu constater que 40 % des apprentis étaient maigres, 8 % obèses, et 20 % sautaient souvent des repas. Qu'ils manquaient de sommeil, fumaient beaucoup, buvaient parfois: une manière de résister aux engueulades quotidiennes. Selon l'Observatoire régional de la santé de Poitou-Charentes, près d'un quart des apprentis se plaignent qu'on leur parle durement «parfois», voire «souvent». Ils sont plus de 20 %, dans les métiers de bouche, à changer d'entreprise en cours de route, principalement pour raisons relationnelles.

Ces mauvaises conditions et relations de travail sont aujourd'hui une menace pour l'apprentissage. En France, près de 360 000 jeunes suivent cette voie. Il en faudrait au