Menu
Libération
Interview

Porto Alegre-Davos, duel de sommets.

Article réservé aux abonnés
L'économiste Ricardo Petrella analyse le rapport de force entre deux modèles de mondialisation.
publié le 22 janvier 2001 à 22h03

Professeur d'économie à l'université de Louvain, conseiller à la Commission européenne, Ricardo Petrella est l'un des initiateurs du groupe de Lisbonne. Créé en 1992, l'année du 500e anniversaire de la découverte du Nouveau Monde, le groupe de Lisbonne estime impérieux d'établir une nouvelle génération de contrats sociaux internationaux (1). Ricardo Petrella analyse la signification du face à face Davos-Porto Alegre (lire ci-dessous).

Comment voyez-vous l'opposition entre Davos et Porto Alegre?

Pendant dix ans, la place de la narration a été phagocytée par Davos. C'était le lieu de l'explication de la maîtrise de la planète, de la bonne parole divulguée au reste du monde. Depuis, une opposition à cette narration de la pensée unique s'est tissée. Elle a entamé la légitimité des dominants et donc de Davos. Désormais, les arguments sur les bienfaits de la mobilité totale des capitaux, le moindre Etat ou l'entreprise facteur de bien-être sont contestables. Désacralisé, Davos se retrouve sur la défensive. Et s'efforce de promouvoir une mondialisation à «visage humain». Si l'expression fleurit, c'est la preuve que la mondialisation porte un masque... Mais ne nous trompons pas, le rapport de force débute: le néolibéralisme règne.

Dans ces conditions, que peut apporter un tel forum social mondial?

Avec Porto Alegre, une nouvelle phase s'esquisse, qui va durer dix, vingt ans. Un chantier de la «crédibilisation» des alternatives. Justement, Porto Alegre (capitale de l'Etat du Rio Grande d