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Libération
Interview

«L'idéologie de l'emploi : un leurre»

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publié le 29 janvier 2001 à 22h16

A 28 ans, Jeanne travaille le moins possible pour militer dans une association de défense des chômeurs, participer à une revue culturelle... Pour subvenir à ses besoins, elle est professeur remplaçante, six heures par semaine.

«A l'école, je séchais les cours. Déjà, je pensais que l'emploi n'était pas épanouissant. J'ai fait de longues études pour rester le plus possible dans l'entre-deux. Plus l'échéance se rapprochait, moins j'avais envie d'y aller. Cela m'horrifiait d'aller tous les jours, à la même heure, au même endroit, d'avoir des horaires fixes. Faire une seule chose dans la vie est désagréable et limitant.

On fait croire aux gens que ce qui est beau, central et épanouissant, ce qui les fait exister dans la société, c'est l'emploi. Vous serez de bons citoyens, si vous restez bien dans le cadre, assis derrière votre bureau. L'idéologie de l'emploi est fondée sur un mensonge. C'est une façon de rendre les gens plus malléables, assurer leur obéissance. Je n'y crois pas. Je l'ai toujours pensé dans mon coin. Mais un jour, j'ai rencontré un mouvement, AC !, pour le vivre collectivement et agir. L'isolement maintient les chômeurs comme les salariés dans l'idéologie de l'emploi. On peut en sortir.

Casser le carcan. Je ne refuse pas de travailler mais j'ai envie de faire des choses différentes. J'aime lire, foutre le bordel aux Assedic, faire de la radio, du théâtre. Par ailleurs, je participe à Vacarme, une revue culturelle et politique. Je ne vois pas pourquoi mon emploi de