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Libération

Une autre vie

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J'veux pas travailler.
publié le 29 janvier 2001 à 22h16
(mis à jour le 29 janvier 2001 à 22h16)

Je ne veux pas travailler...» Il y a un an, la chanson passait sur toutes les radios. Susurrée tristement par Pink Martini, la mélopée fut un succès. Elle flattait les esprits de cette envie partagée par presque tous, mais vite chassée dans les rêves illusoires. Trop difficile, trop risqué, comment vivre sans travailler ? Eux ne se posent plus la question, ils ont dit non à l'emploi. Pas sous une forme collective, comme dans les années 70 où le refus du travail se proclamait dans la joyeuseté et l'utopie. Mais plutôt seul dans son coin, chacun pour soi. «C'est un mouvement individuel, plus noir et plus froid», avance le sociologue Jean-Pierre Le Goff. Faute d'être visibles, ces conduites individuelles ne sont pas comptabilisées, encore moins prises en compte. Elles renvoient pourtant une image critique du monde du travail.

Comme en amour, ils ont jeté l'éponge par dépit ou par conviction, ou un mélange des deux. Certains, victimes de la précarité, ne veulent plus entendre parler d'intérim ou de CDD, ne supportent plus le manque de respect, les salaires au rabais. Ils se sont réfugiés dans le RMI, ne croyant plus à cette place acquise dans la société à force de se lever le matin. D'autres rejettent les contraintes de l'emploi (chef, horaires, souffrance, ennui...) et ses valeurs (compétition, rentabilité, rapidité...). A leurs yeux, il est plus important de valoriser des activités dites secondaires, voire inutiles, dans une société qui marche à l'argent : se faire plaisir, cré