Ce fut un non-débat révélateur du fossé qui se creuse entre deux mondes. Porto Alegre et Davos se sont «parlés», dimanche soir, deux heures durant, par téléconférence. L'idée remonte à décembre quand Patrice Barrat, journaliste-producteur, contacte Attac. Il propose un «dialogue direct»; Davos accepte, Attac hésite, avant de se raviser. L'association redoute une «récupération». Surprise, fin décembre, Davos fait marche arrière. «Ils voulaient un droit de veto sur le contenu du débat, ce que nous refusions», explique Barrat.
Tension. C'est finalement depuis l'extérieur du forum officiel de Davos, depuis une église protestante, que quelques «dissidents», comme ils se revendiquent, ont dialogué avec l'Amérique du Sud: il y a là deux onusiens, dont Malloch Brown, du Pnud (programme des Nations unies pour le développement), et deux financiers, dont George Soros, tout sourire. De l'autre côté de la liaison visiophonique, douze leaders du mouvement social, très féminins et métissés, et tous remontés. Le Philippin Walden Bello accuse «l'Onu de se prostituer à Davos». «C'est injuste, répond Brown, «la réponse est quelque part entre Davos et Porto Alegre.» «Il faut fermer Davos, cette institution jurassique», répond Bello. La Kenyane Njoki Nehru, du réseau «50 years is enough», parle de «trahison» lorsqu'intervient une ONG présente à Davos. Dialogue de sourds. La dynamique de propositions qui nimbe le forum, émerge par à coup. Bernard Cassen (Attac) interpelle Soros, qui s'avoue en fav