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Libération

Le dernier bon tour de Bové

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Arrêté lundi par la police, il en a fait une victoire médiatique.
publié le 31 janvier 2001 à 22h19

Porto Alegre, envoyés spéciaux.

Bové sourit, Bové pose, Bové jubile. Il peut. Certes, il a failli être expulsé du Brésil pour avoir, vendredi, arraché des plants transgéniques dans une usine Monsanto (Libération du 27 janvier). Il n'était pas tout seul: 1 300 militants du mouvement des paysans sans terre l'accompagnaient. La scène avait fait la une des journaux locaux et les choux gras des télévisions.

Le porte-parole de la confédération paysanne a une nouvelle fois démontré son art de transformer l'adversité en victoire médiatique et populaire. Hier, à 2 heures du matin, une nuée de journalistes et de photographes l'écoutait religieusement réciter un réquisitoire sans failles contre «ceux qui veulent discréditer le mouvement social». Huit heures plus tard, lors de la clôture du Forum social mondial, il serrait des mains à la foule nantie d'autocollants: «Nous sommes tous des José Bové.» Star de l'autre mondialisation, héros planétaire en germe, le porte-parole de la Confédération paysanne deviendrait une internationale à lui tout seul? La police fédérale brésilienne y a mis du sien, complice involontaire de ce succès au terme d'une série rocambolesque de ratages.

Polar de série B. L'affaire commence en fait lundi à 18 heures, heure brésilienne. Bové tient auditoire. João Pedrile Stedile, le leader du Mouvement des paysans sans terre (MST), glisse à l'oreille de «José»: «Expulsé Brésil.» José: «Quoi, toi?» João: «Non, toi!» José réalise alors que la police le cherche pour le me