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Libération
Portrait

Chico Witaker, de réseaux en débats

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Le Brésilien est l'un des organisateurs du Forum social de Porto Alegre.
publié le 1er février 2001 à 22h28

Porto Alegre envoyé spécial

Lundi, 8 heures du matin, un modeste hôtel de Porto Alegre. Le buffet du petit déjeuner est servi dans la cafétéria jaune et grise du hall d'entrée. «Je n'arrive pas à boire mon café. Je suis déjà en retard», constate Chico Witaker. Le petit Brésilien, au front dégarni et à la barbe blanche, est membre du comité organisateur du Forum social mondial. Discret, efficace et fonceur. Il est sans arrêt sollicité. Un journaliste grec lui propose de réaliser le prochain forum à Athènes. «J'y penserais.» Une militante brésilienne veut une accréditation en dernière minute... Il répond toujours en souriant, tour à tour narquois, complice, amusé.

Quinze ans d'exil. A 69 ans, Chico fait partie de cette génération de catholiques progressistes qui ont jeté les bases des mouvements sociaux en Amérique latine, pendant les années de plomb des dictatures. Son engagement, Chico l'a payé de quinze ans d'exil au Chili d'Allende et en France. Dans les années 1970 à Paris, il travaille aux publications de la conférence épiscopale. «On n'imposait aucune censure aux auteurs, on voulait laisser parler les témoins et établir des réseaux de solidarité.» Déjà les valeurs du Forum social. «A l'époque, l'Eglise servait de parapluie aux mouvements sociaux. Aujourd'hui, ils se sont libérés de cette tutelle. Heureusement.» Chico se tourne vers sa femme: «Faut qu'on y aille. T'as l'argent du taxi?»

Avec la souplesse d'un chat, il se lève et s'empare d'un petit chariot chargé de caisses