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Libération
Le travail en famille (fin)

Et Joseph créa l'Opinel

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publié le 5 février 2001 à 22h37

Opinel est avant tout un nom de famille: monsieur et madame, deux fils, une fille, Melle Opinel, pharmacienne à Albertville. Le père, Maurice, 70 ans, est à la retraite depuis trois ans mais vient tous les jours à l'usine. Son fils, Denis, la quarantaine hâlée et souriante, est directeur. L'un comme l'autre sont entrés dans l'entreprise «sans se poser de question». Il en faut au moins un par génération. Denis était le plus âgé des trois enfants; Maurice n'avait pas le choix, il était le seul fils.

Papy bricoleur. Quand Maurice fit ses premiers pas en coutellerie, au début des années 50, tous les hommes de la lignée étaient réunis: son père, Marcel, chargé de la technique, son oncle Léon, responsable du commerce, et le célèbre Joseph, créateur du couteau au manche en bois doré. «Mon grand-père était un homme très imaginatif, dit Maurice. Il nourrissait une passion pour les abeilles, avait des ruches dans un jardin près de l'usine. Très bricoleur, il prenait plaisir à fabriquer avec son couteau des petits moulins à eau avec lesquels on jouait. Je regrette toujours de les avoir perdus.»

Sur les photos de famille, Joseph pose avec sa grosse moustache blanche qui frisotte au bout. Strict dans son costume et sa cravate noirs. Né en 1872, c'est un gars de la montagne, Saint-Jean-de-Maurienne, exactement. «Ma famille était des paysans-ouvriers, dit Maurice Opinel. Ils étaient taillandiers et cultivaient des champs de patates. Mon grand-père a travaillé à l'âge de 10 a