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Libération

La fin du grand G.O.

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Gilbert Trigano, fondateur du Club Med, est mort hier à 80 ans.
publié le 5 février 2001 à 22h35

Gilbert Trigano est mort, à 80 ans, dans la nuit de samedi à dimanche, «des suites d'une longue maladie». Et tout le monde ne sera pas bienvenu aux obsèques, aujourd'hui. En annonçant le décès du patriarche, sa famille exprimait, hier, le souhait que «l'équipe dirigeante actuelle du Club Méditerranée ne communique pas à cette occasion».

Car Gilbert Trigano n'avait jamais admis d'avoir été évincé, en 1997, avec son fils Serge, par les actionnaires de la direction du Club. Cette colère jamais digérée, on la comprend mieux si l'on connaît sa passion immodérée pour ses villages de vacances, ses GO, son Club: «Ma femme (Simone, ndlr) était persuadée que l'on faisait l'amour à trois: elle, le Club et moi, sans savoir si le Club était féminin ou masculin», avait-il écrit dans ses mémoires (1). Il y a aussi le ressort secret d'un jeune homme qui se savait «petit et moche», se pensait mal aimé de ses parents et avait conçu de ses handicaps une soif inextinguible de reconnaissance, qu'il cherche, avant guerre, dans le théâtre, puis, après l'intermède de la Résistance, dans le journalisme communiste.

«Ni snobs ni vulgaires». L'aventure du Club Méditerranée naît de la rencontre, en 1950, d'un visionnaire, Gérard Blitz, et d'un marchand de toiles de tente, Trigano. Blitz, lui aussi juif et ancien résistant, rêve d'offrir des vacances pas chères, au bord de la Méditerranée, dans des camps de toile. L'utopie renoue avec les congés payés de 1936. Gilbert Trigano loue à Blitz la toile de tente