Philippe, 48 ans, est comédien. Il travaille sur les doublages de films.
«L'âge d'or du doublage est derrière, mais le métier continue de brasser de l'argent. Certaines boîtes du secteur font des chiffres d'affaires mirobolants, mais se font tirer l'oreille pour payer. Or, protester ou réclamer, dans ce milieu, c'est prendre le risque de se faire «blacklister» inscrire sur une liste noire et ne plus travailler. Le star-system quoi. A contrario, il faut dire que certains comédiens prennent la grosse tête. Ceux par exemple qui doublent des séries américaines à succès, et finissent par s'identifier aux acteurs. Ils se promènent avec les coupures de presse parlant de l'artiste comme s'il s'agissait d'eux-mêmes. En ce moment, avec l'explosion des séries pour ados, on voit défiler dans les studios toute une jeunesse dorée. Des filles et des garçons qui ont commencé à faire des doublages à 8, 9 ans, habitués à brasser beaucoup d'argent. Ils arrivent le matin avec la gueule de bois après avoir bu et fumé toute la nuit, font ce qu'ils veulent, posent leurs conditions. Enfin ça c'est valable pour les stars. Il y en a moins qu'avant.
Eldorado. Jusqu'en 1990, l'argent coulait à flots, tout le monde s'achetait sa maison. Depuis, le boulot s'est réduit. En 1993, on a fait la grève pour obtenir des droits d'artistes interprètes. Pas évident de mobiliser dans ce milieu très individualiste. Après trois mois de conflit dur, on a fini par décrocher des droits de suite pour les rediffusions des