Manille envoyé spécial
Presque quatre ans après le début de la crise financière qui terrassa l'Asie en 1997-1998, le spectre d'une rechute hante toujours la région. Réunis cette semaine à Manille (Philippines) à l'invitation de la Banque asiatique pour le développement (BAD), dans le cadre d'un forum sur la «pauvreté en Asie», les quelque 200 experts, ministres et économistes présents reconnaissent volontiers la «fragilité» du redressement en cours. Même si des pays comme la Corée du Sud, la Malaisie ou la Thaïlande ont retrouvé le chemin de la croissance, l'augmentation des inégalités sociales, l'instabilité politique, la récession japonaise et plus encore le ralentissement de l'économie américaine font que les ex-«Dragons» d'Extrême-Orient sont toujours vulnérables.
«Le fossé entre les pauvres et les riches continue de se creuser et le mécontentement populaire couve, avertit Tadao Chino, le président japonais de la BAD. Les investisseurs se méfient.» Un nouveau coup de torchon financier ne saurait donc être écarté, même si le contexte diffère. «Les taux de croissance sont redevenus fortement positifs (7,5 % l'an dernier en Corée du Sud, 6 % en Malaisie, 4,5 % en Thaïlande, 4 % en Indonésie, 3,8 % aux Philippines...) et les monnaies régionales ne sont plus comme avant rivées au dollar. Les opportunités de spéculation sont limitées», se félicite le professeur Nanak Kakwani, de l'université de Sydney.
En revanche, l'influence des capitaux internationaux sur l'économie régionale