Manille de notre envoyé spécial
Professeur d'économie à l'université de Columbia et ardent défenseur du retour à des taux de change fixes, Robert Mundell est considéré comme l'un des pères intellectuels de l'euro. Il a plaidé, dans son discours inaugural à la réunion de Manille, pour une «monnaie unique» en Asie orientale, seul moyen selon lui de décourager les spéculateurs.
En 1997, la brusque dévaluation du bath thaïlandais, jusque-là accroché au dollar, a plongé la région dans le chaos. Un tel choc peut-il se reproduire?
Oui, si le yen venait à décrocher fortement par rapport au dollar (en 1998, la monnaie nippone avait atteint 148 yens pour un dollar, contre 115 actuellement, ndlr). Car la valeur des investissements japonais en Asie s'en trouverait alors fortement dépréciée, alors que les coûts de production resteraient inchangés. Mais vu que le billet vert est orienté à la baisse, ce scénario est assez improbable. Cela dit, la région demeure exposée. Si les Chinois décident, comme beaucoup le leur suggèrent, de dévaluer pour mieux exporter, les pays d'Asie du Sud-Est en subiront aussitôt le contrecoup. Je pense que Pékin ferait là une énorme erreur. Mais s'ils le font, le séisme est garanti. Une dévaluation de la monnaie chinoise aurait l'effet qu'a eu la dévaluation brésilienne sur l'économie latino-américaine: des crises économiques régionales en chaîne.
Pourquoi l'Asie doit-elle selon vous se doter d'une «monnaie unique»?
Parce que c'est le meilleur des systèmes. Des taux