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Libération

Banlieues, sweat homme

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En quête de succès, les jeunes lancent leur propre marque de vêtement.
publié le 10 février 2001 à 22h48

Entre le crocodile Lacoste, la virgule renversée Nike et les trois bandes Adidas, de curieuses écritures font aujourd'hui leur apparition sur les sweats de certains jeunes: «Neuf trois» pour Seine-Saint-Denis, «Caïra» pour dire racaille, «Moudjahidin», «75018», «3HK», «Marseille»...

«Les jeunes raffolent des marques. Mais ils ne se contentent plus de consommer. Ils veulent aussi créer leur ligne de sweats "gros placards" (le logo bien en vue, au milieu du buste, ndlr)», assure un fabricant. Qui sont ces nouveaux «créateurs»? «Des mecs de banlieue, reprend Georges Daher, importateur de fringues. Chaque jour, on en reçoit trois ou quatre. Ils ont des idées de logo mais ne savent rien de la broderie ou du molleton. Alors on les aide...»

Tête d'affiche. Dans son carnet de commandes, un lot de 500 sweats estampillés «Thug» (voyou en anglais), pour trois jeunes de Montreuil. Détail de la vente: 120 francs l'unité, 100 % coton, un poids de 450 grammes, 40 000 points de broderie. Premier lieu d'écoulement: «La cité», explique Haidi, 23 ans, 300 sweats floqués «Salam» sur les bras. «A 250 francs pièce, je teste le modèle. Avec le pécule, je monterai peut-être une société. Mais à 50 000 francs la Sarl et 3 000 francs l'INPI (1), il ne va pas me rester grand- chose...»

D'autres, pourtant, n'hésitent pas à s'établir dans les règles. Avant le dépôt des statuts, ils n'ont qu'une obsession: trouver la tête d'affiche connue des ados qui promettra d'enfiler le sweat jour et nuit. «Avec le succè