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Adapter les aides au secteur informel

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Les institutions misent sur des programmes ciblés, du type micro-crédit.
publié le 12 février 2001 à 22h49

Manille, envoyé spécial.

A Manille, la baie vitrée du confortable bureau d'Isabel Ortiz donne sur un terrain vague ou s'activent une centaine de terrassiers. Bientôt, un nouveau building jouxtera la Banque asiatique pour le développement (BAD). Mais l'élément intéressant se trouve aux alentours du chantier. Une dizaine de petits restaurants faits de quatre planches et de tôles ceinturent le terrain. Une illustration de ce secteur informel si souvent ignoré des statistiques. Le chômage, lorsqu'il est mesuré, l'est pour les employés des usines ou des services. La Sécurité sociale, lorsqu'elle existe, ne subvient qu'aux besoins des salariés sous contrat.

Effet domino. Or en Asie, comme dans tous les pays en développement, le salariat ne concerne qu'une fraction de la population active. «Toute une dimension de l'impact social de la crise asiatique a été négligée, explique la fonctionnaire de la BAD. Lorsqu'une usine ferme, tout un réseau de petits commerçants, de journaliers, de vendeurs de brochettes ou de boissons est décimé. Or lorsque des programmes d'assistance sociale sont mis en place, ce secteur informel est toujours oublié.» La BAD, avec d'autres institutions, a donné en effet beaucoup d'argent depuis la crise de 1997, pour aider les gouvernements à mettre sur pied des programmes de formation, voire des systèmes pilotes d'assurance chômage. Mais à qui s'adressent-ils ? «Toujours aux mêmes», répond le militant alternatif philippin Walden Bello. Beaucoup d'experts présents