Les 35 heures pourront-elles tordre le cou à la tyrannie du travail? «Jusque-là seul le travail était facteur d'identité. Désormais, il va falloir inclure le loisir parmi les processus d'identification», analyse André Rausch, sociologue (1) lorsqu'on l'interroge sur les effets de la loi Aubry. L'hypothèse est séduisante...
Pour l'instant cependant, aucune étude ne permet de l'accréditer. La notion de temps libre est sans doute trop neuve, et les quelques coups de sonde effectués auprès de salariés fraîchement «RTTisés» ne font pas encore apparaître de changements notables de comportements. Majoritairement, les salariés à 35 heures utilisent leurs jours de congés supplémentaires à faire... plus de la même chose. Dans une enquête finalisée la semaine dernière, Gilbert Cette, professeur de sciences économiques à l'université d'Aix-Marseille-II, et l'un de ses étudiants, Pavel Diev, se sont penchés sur «la réduction du temps de travail, ce qu'en pensent et en font les salariés qui la vivent» (2).
Rien de bien neuf. Un an après la mise en place de la RTT dans leur entreprise, les salariés interrogés ont peu ou prou les mêmes activités extra-professionnelles qu'auparavant. Les femmes consacrent un peu plus de temps aux tâches ménagères et à leurs enfants lorsqu'elles sont mères de famille. Les hommes qui bricolaient ou jardinaient, bricolent et jardinent davantage. Il n'empêche, personne ne s'en plaint. Chacun reconnaît y avoir gagné en confort de vie.
Les femmes disent «prendre plus