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La vie en 35 heures (1)

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Les salariés «RTTisés» s'accoutument parfaitement au temps gagné.Ils le dépensent en voyages, culture, sport, bricolage.. des petits plus sans réels changementsde comportement.
publié le 12 février 2001 à 22h51

En 1930, J. M. Keynes, le célèbre économiste, pronostiquait qu'en 2030, c'est-à-dire dans moins de trente ans, nous ne travaillerions plus que quinze heures par semaine. Cette perspective l'angoissait : «Je songe avec terreur au réajustement de ses habitudes que l'homme devra effectuer. Il lui faudra se débarrasser en quelques décennies de ce qui lui a été inculqué au cours de générations multiples. Ne faut-il pas s'attendre à une dépression nerveuse collective ?»

Avec 35 heures au compteur, les économistes et sociologues de notre époque s'interrogent également : la réduction du temps de travail va-t-elle bouleverser notre rapport au temps libre (premier volet de notre enquête) ? A-t-elle changé les façons de travailler (cahier Emploi du 19 février) ?

Pour la partie temps libre, les plus optimistes prétendent que «les 35 heures pourraient être un facteur de progrès social, permettre aux individus d'avoir une identité en dehors de la sphère de l'entreprise». Les pessimistes y mettent un bémol : «à condition que la société des loisirs ne profite pas qu'à ceux qui ont les moyens financiers et intellectuels de jouir de leur temps libre, les cadres et assimilés». Pour l'instant, la mesure est trop récente pour en juger. A 87 %, les salariés déjà aux 35 heures y ont gagné en qualité de vie, même si, jusqu'à présent, ils utilisent surtout leur temps libre à faire un peu plus de la même chose : plus de voyages pour ceux qui voyageaient déjà, plus de bricolage pour les bricoleurs, de m