Washington, de notre correspondant.
Le roi G7 a failli être nu. Il s'en est fallu de très peu pour que Paul O'Neill, nouveau secrétaire au Trésor américain, ne dévoile une terrible vérité: le club des ministres des Finances des pays les plus riches ne sert à rien, il ne pilote pas l'économie globale, il n'est même pas fichu d'influer sur les taux de changes anormaux. Avant de partir pour Palerme, où les sept argentiers se retrouvaient samedi, O'Neill avait commencé à lever un coin du voile: «Voyager à travers le monde pour dire aux autres ce qui se passe dans l'économie ne me semble pas une des raisons de base pour se rencontrer. Je peux me rendre à mon bureau et regarder mon ordinateur et voir ce qui se passe au moment même à Londres. Je n'ai pas besoin d'aller à Palerme.»
Lavage de cerveau. Il s'y est tout de même rendu. Ses collègues, dans le secret de leur réunion, ont probablement dû lui laver le cerveau. Car quelques heures plus tard, O'Neill a acquis une maîtrise parfaite de la langue du club, ce qui lui a permis de tenir, à la sortie de la réunion, des propos inverses: «Je veux dire combien j'ai été heureux de rencontrer mes collègues et combien j'apprécie les discussions productives et stimulantes que nous avons eues.»
O'Neill s'est ressaisi, mais il n'a pas dissipé les interrogations créées au sein du club, qui se demandent si la nouvelle administration américaine ne va pas bouder la concertation globale. Le secrétaire au Trésor a déclaré qu'il ne voyait pas l'intérêt