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Libération

Les ratés de la conserve

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A Boulogne-sur-Mer, direction et syndicats de l'entreprise DMT jugent que la RTT, «c'est l'anarchie».
publié le 19 février 2001 à 23h02

Boulogne-sur-Mer, envoyée spéciale.

«Les 35 heures, c'est un truc de cadres.» Le syndicaliste de Boulogne-sur-Mer qui prononce cette phrase a négocié des accords RTT et défendu la loi Aubry. «Seulement, dans certains secteurs, ça ne va pas, et les gens perdent plus qu'ils n'y gagnent.» A la conserverie Delpierre Mer et Tradition (DMT), installée au coeur du port de Boulogne, l'analyse un peu brutale est partagée par la direction, les syndicats et certains salariés.

Au 1er janvier 2000, l'entreprise, qui emploie 140 personnes et une centaine d'intérimaires, est passée aux 35 heures. Depuis près de quarante ans, des boîtes de maquereaux au vin blanc, à la moutarde, et des pilchards, des maquereaux à la tomate, sortent des chaînes de production. «On est la dernière conserverie de Boulogne, explique Pierre Jouhandeaux, le directeur du site. Toutes les autres ont fermé.»

Dans ce contexte difficile, il a fallu appliquer la réduction du temps de travail. Dans d'autres secteurs, les entreprises ont profité de la RTT pour annualiser le temps de travail et faire ainsi tourner les machines plus longtemps, la nuit ou le week-end. Chez DMT, on rêvait aussi de ce deal. La RTT tourne pourtant aujourd'hui, selon la CFDT, au «fiasco.». La direction préfère parler d'«effets pervers» sur les revenus et le moral des gens.

L'organisation du travail a été vite repensée. Au lieu du travail de journée, l'usine tourne à présent avec deux équipes : une de 6 à 13 heures et l'autre de 13 à 20 heures. Le te