Montpellier, correspondance.
«Les Suisses partiront-ils la queue basse ou la tête haute?» D'une formule, Jean Immediato, délégué SNPL d'Air Liberté, a résumé les interrogations des 7 000 salariés d'AOM, Air Liberté et Air Littoral, à l'issue des comités d'entreprises extraordinaires réunis hier par Marc Rochet, leur nouveau patron. Aujourd'hui, les finances des compagnies aériennes sont tellement exsangues que le scénario d'une cessation d'activité, étudié en Suisse, coûterait aux Suisses exactement le même prix (trois milliards de francs) que de continuer l'activité. Lundi, dans sa lettre au personnel, Marc Rochet chiffrait au-delà de 2,5 milliards de francs les pertes accumulées par les trois compagnies en 2000. De Montpellier à Orly, les salariés ne parlent que de «l'immense gâchis» dont ils risquent de faire les frais.
Car cette histoire de deuxième pôle aérien français, financé par Marine Wendel (holding d'Ernest-Antoine Seillière, lire ci-contre) et orchestré par Sairgroup, la maison mère de Swissair, est d'abord celle d'un gaspillage qui a transformé les déficits en abysses. Les Suisses ont péché trois fois. Par stratégie d'abord, par laxisme ensuite, par mépris enfin.
Stratégie. Quand Sairgroup prend pied chez Air Littoral d'abord (en 1998), chez AOM ensuite (début 1999), puis chez Air Liberté (en mai), la situation des compagnies françaises n'est guère florissante. Toutes trois perdent de l'argent. Toutefois, ces trois compagnies possèdent 30% des créneaux horaires à O