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Libération
Interview

«Les nazis n'avaient nul besoind'IBM pour leurs machines»

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publié le 23 février 2001 à 23h07

Le IIIe Reich avait-il besoin d'IBM, de ses machines et de ses compétences, pour sélectionner les juifs et les envoyer dans les camps? «Oui», répond le journaliste américain Edwin Black, dans son livre IBM et l'holocauste (1). Selon lui,les besoins particuliers de l'Allemagne nazie supposaient l'adaptation des machines d'IBM par des ingénieurs américains de haut niveau. Edwin Black, qui s'est désolidarisé hier d'une plainte collective de victimes contre IBM, parle d'une «alliance stratégique», nouée dès 1933, entre la firme et le IIIe Reich. «Non», répond

Pierre-Eric Mounier-Kuhn, historien des technologies de l'information, dans une interview ci-contre. Selon lui, Les Allemands n'avaient nul besoin des apports technologiques d'IBM. Une réponse qui ne décharge pas l'entreprise dela responsabilité d'avoir collaboré (Libération des 13 et 15 février) à la machine de guerre et d'extermination nazie, quand d'autres firmes avaient rompu leurs relations avec le régime hitlérien.

(1) Robert Laffont,

600 pp., 139 francs (21,2 euros).

Pierre-Eric Mounier-Kuhn, 46 ans, est historien des technologies de l'information. Il revient sur le développement des machines à cartes perforées et leur utilisation pendant la Seconde Guerre mondiale.

Comment se sont développées les machines à cartes perforées?

Ces machines ont d'abord été conçues pour recenser les populations. Le système est conçu par Herman Hollerith, à la fin du XIXe siècle, pour le recensement de la population américaine en 1890. Holleri