Danone a fait une «erreur de com» et une erreur particulièrement choquante pour un groupe qui fait figure de proue en matière de dialogue social. L'entreprise n'a pas su maîtriser le processus légal d'annonce d'un plan de licenciement (Libération du 19 janvier 2001). Le comité d'entreprise n'a pas eu l'information avant la presse, comme l'exige pourtant la procédure. Pour cette raison, on en vient à s'interroger sur les fondements de la décision : s'agit-il d'un projet de plan de licenciement économique ou financier ? Sur le fond, ce n'est plus un scoop : de nombreuses entreprises mettent en place des plans de licenciement, même quand elles sont rentables, et ce, sans vague. De la même façon, ce n'est pas le premier plan de licenciement mis en oeuvre par ce groupe mais c'est la première fois qu'il y a à ce point scandale. Pour comprendre l'erreur, il faut reprendre les enchaînements de la décision.

Quand on reconstitue les décisions de réduction des effectifs, on observe en premier lieu qu'elles sont centralisées. C'est au niveau du comité de direction que s'affirme : «Il faut rationaliser les coûts et la production et donc réduire les effectifs à hauteur de x %.» L'emploi y est regardé comme une charge fixe grevant la rentabilité, dont il s'agit de se délester avant qu'il ne soit trop tard, et ce à un coût considéré comme acceptable. En effet, l'entreprise est de plus en plus soumise à des obligations de résultat à court terme : elle doit rendre des comptes, en particulier