Des Chinois, des Iraniens, des Indiens et des Russes, sans oublier un fort contingent d'informaticiens maghrébins : le personnel de Sema, l'une des plus grandes SSII (1) européennes, aurait pu poser pour une campagne de pub de Benetton. Car les Français ne suffisent plus à pourvoir les milliers de postes restés vacants. D'où le recours massif à une main-d'oeuvre extracommunautaire. Ces informaticiens auraient pu choisir de rester travailler au pays, mais tous ont préféré s'expatrier.
Question d'argent, mais pas seulement. «J'ai quitté la Chine pour m'enrichir, à la fois dans la tête et dans le portefeuille», raconte Wang, 29 ans, accueilli à bras ouverts dans l'unité de Francfort. «L'Europe m'a permis d'étudier gratuitement, mais c'était dur de laisser la famille là-bas. J'aimerais bien revenir à Shanghai dans trois au quatre ans et profiter de mon expérience pour fonder mon entreprise.» A côté de lui, Mourad, un Tunisien de 25 ans, qui travaille dans l'équipe réseau basée à Nanterre : «J'ai fait ma prépa à Tunis puis je suis venu faire Centrale à Paris. Malgré ça, j'ai eu beaucoup de mal à avoir l'autorisation de travail : entre la préfecture, le ministère de l'Emploi et l'OMI (2), ça m'a pris plus de cinq mois !» Un délai d'«impatriation» qui fait bondir Patrick Semtob, le «DRH mondial» de Sema. «La France est vraiment un pays archaïque. L'embauche d'un informaticien extracommunautaire devrait prendre une semaine, et ça prend des mois et des mois ! Pourtant, les pouvoirs pu