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Libération
Interview

«Ma seule mission: établir la vérité»

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Pour Edwin Black, le rôle d'IBM dans la déportation des juifs a été «indispensable».
publié le 26 février 2001 à 23h09

Paru le 12 février dans quarante pays, le livre IBM et l'Holocauste a suscité de nombreuses réactions, notamment en France (lire ci-contre). Son auteur, Edwin Black, répond ici aux principales critiques qui lui sont adressées.

La mécanographie était une technologie maîtrisée dans les années 30. L'Allemagne nazie avait-elle besoin d'IBM pour s'approvisionner et faire fonctionner les machines?

Le problème n'est pas de savoir qui maîtrisait la technologie, mais qui la contrôlait. Ce n'est pas une question de savoir-faire, mais de pratique monopolistique. IBM avait verrouillé le marché. Sa filiale, la Dehomag, accaparait 90 % du marché allemand. Les 10 % restants étaient dévolus à un concurrent, l'américain Powers, affaibli par des procès en cascade intentés par Thomas Watson (le patron d'IBM, ndlr). Ce dernier avait obtenu que 25 % des ventes de Powers soient reversés à IBM.

Mais la Dehomag était à l'origine une entreprise allemande...

Oui, un simple concessionnaire de machines IBM. Cette entreprise n'a jamais construit une seule machine avant que Thomas Watson n'y investisse, en 1933. C'est alors que se forme l'alliance stratégique entre Watson et le IIIe Reich. Cette même année, un immense boycott antinazi des entreprises américaines se met en place. Tout ce que Watson avait à faire, c'était cesser d'exporter ses machines à cartes perforées. Au lieu de ça, il investit un million de dollars dans l'Allemagne nazie.

Mais l'Allemagne ne pouvait-elle pas mettre sur pied sa propre indus