Premier jour, premier carton. Quand Gilbert a commencé dans la course il y a vingt ans, il s'est pris une voiture qui avait pilé devant lui. «Je ne l'avais pas vue, je regardais les noms des rues.» Depuis, il comptabilise, à 39 ans, une vingtaine d'accidents. «Je suis rapiécé de partout mais toujours entier», dit-il. Il a failli être amputé d'un doigt, perdre l'usage de son bras gauche, être décapité par une glissière de sécurité sur l'autoroute, a eu les deux hanches fracturées, la clavicule doublement cassée, a écopé d'une scoliose. «Je suis un passionné de moto et de vitesse. Quand on est jeune, on a tendance à essorer la poignée [d'accélération], à ne pas voir les risques. Le pire, ce sont les livreurs de pizzas qui, encore plus jeunes, roulent comme des fadas.»
Tombé dans la mécanique tout petit, Gilbert était du genre, à 15 ans à peine, à passer des nuits à monter et à démonter le moteur de sa bécane. «Avec deux copains, on s'installait dans l'appartement de la mère de l'un d'eux. Ça ressemblait à un squat. On alignait les trois Mob dans le salon avec les outils sur la table.» A l'âge de l'école, il fait un «refus scolaire», se souvient, quand il se promenait, la main de sa mère dans la sienne, de ces coursiers qui «déboulaient comme des fous sur les trottoirs.» Quand il a fallu travailler, sans diplôme et sans vraiment l'envie de se fatiguer, il a choisi le monde de la course. «Les coursiers sont souvent des petits jeunes qui, comme moi, aiment la mécanique. Dans le mé