Le fabricant d'armes Giat Industries espère enfin passer du boulet à l'obus. Le boulet, c'est le contrat signé avec les Emirats arabes unis en 1993 pour la vente de 436 chars Leclerc et qui, depuis, plombe les comptes de l'entreprise publique (Libération du 18 janvier). Les obus, ce sont les nouvelles munitions Bonus dites intelligentes, l'un des programmes sur lesquels compte Giat pour redresser sa situation après des années de difficultés.
Il y a encore loin de la coupe aux lèvres. Ce matin, le comité central d'établissement doit se réunir pour examiner les conséquences sociales de la suspension des livraisons des derniers Leclerc aux Emirats, à la suite de «divergences d'interprétation» sur les termes du contrat. Les établissements de Roanne (Loire) et de Tarbes (Hautes-Pyrénées) pourraient être touchés par des journées de chômage technique, en attendant la fin du bras de fer entre la direction et le client. Les Emirats souhaitent en effet que Giat modernise à ses frais les chars déjà livrés, une clause que l'entreprise aimerait réviser. Au siège de Versailles-Satory, on parle de «remettre de l'ordre dans le contrat». Pour l'instant, tout est bloqué. Résultat : plusieurs dizaines de chars Leclerc s'entassent sur le tarmac de l'usine de Roanne, et la direction veut «ralentir» la chaîne de production.
Avec 18 milliards de francs de contrats (2,74 milliards d'euros), le carnet de commandes est pourtant loin d'être vide, et Jacques Loppion, PDG de Giat, confiait en décembre qu'