Abidjan de notre correspondante
La ponctualité de ses vols est si hasardeuse que les Africains l'appellent «Air peut-être». Et ce n'est pas la grève d'une grande majorité du personnel au sol et du personnel de bord aujourd'hui, ainsi que les manifestations prévues vendredi, qui vont redorer l'image d'Air Afrique. Depuis une dizaine d'années, la compagnie aérienne panafricaine (lire ci-dessous) dégringole de plan de sauvetage en restructuration et la crise sociale de cette semaine n'est que le dernier soubresaut de ce qui ressemble de plus en plus à une agonie.
Pilotes pas payés. Le bras de fer entre la direction et les salariés a commencé au début du mois, lorsque le nouveau directeur général, l'Américain Jeffrey Ericsson, fraîchement intronisé pour sortir la compagnie de l'abîme, décide sans préavis de mettre quelque 2 000 salariés (sur 4 126) au chômage technique. Mesure d'extrême urgence, considère-t-il, alors qu'un avion en location vient d'être saisi pour un retard de paiement de 100 millions de francs CFA (152 000 euros). Les pilotes, eux, n'ont pas été payés depuis novembre...
Pour les syndicats, qui ne remettent pas en cause le bien-fondé de la compression d'effectifs, la méthode est «illégale, révoltante et injuste». «Une convention de départs volontaires a été signée avec la précédente direction, 800 personnes se sont déjà inscrites, il suffit de se mettre d'accord sur les conditions de licenciement et les autres partiront sans problème», s'insurge Bakary Bamba, porte