Les salariés non fumeurs reprennent du poil de la bête. Engueulades en interne, procès en justice... la mobilisation antitabac se réveille sur les lieux de travail, pile au moment où la loi Evin fête ses dix ans. La preuve que les mentalités ne changent pas en un jour. «Jusqu'à il y a trois ou quatre ans, réclamer l'application de la loi était mal vu dans les entreprises. Le tabagisme était un signe de virilité chez les hommes et de séduction chez les femmes. Pour un salarié, se déclarer incommodé était considéré comme efféminé. Aujourd'hui, le cliché a vécu, dit-on au Comité national de lutte contre le tabagisme (CNCT), les non-fumeurs ne sont plus considérés comme des emmerdeurs.» Ou bien ils n'hésitent plus à s'afficher comme tels. Les procès pour non-respect de l'interdiction de fumer dans les bureaux se multiplient.
A Rouen, une employée de la Poste a attaqué son employeur en justice, l'accusant de l'avoir licenciée pour antitabagisme. A France 2, une pétition contre la cigarette a réuni 200 signatures et a atterri sur le bureau du juge (Libération du 20/02/2001).
Laxisme. Pour l'instant, les sanctions judiciaires restent cependant trop rares et trop peu dissuasives. Au grand regret des professionnels de la santé qui constatent, unanimes, le laxisme des employeurs sur ce sujet. «Dix ans après, la moitié des entreprises n'applique pas la loi», dénonce le professeur Maurice Tubiana. Le 8 février, l'académie nationale de médecine lançait un «appel» solennel pour relancer la