Pascal Lamy est commissaire européen au commerce. Pour la première fois, il aborde l'évolution de la position de l'Union.
Votre prédécesseur, Leon Brittan, avait soutenu les laboratoires contre le gouvernement sud-africain. Depuis, l'UE n'est-elle pas toujours tiraillée entre compassion humanitaire et raison économique?
Non! Leon Brittan avait, dans le contexte de l'époque, une position peut-être plus favorable aux laboratoires pharmaceutiques... L'UE avait alors une lecture plus stricte de la marge de manoeuvre laissée par l'accord Trips (lire encadré ci-contre). Et elle subissait la pression des industries pharmaceutiques pour obtenir des protections supérieures à celles que l'accord permet. Depuis, nous avons changé fondamentalement de braquet. L'UE peut s'enorgueillir d'avoir singulièrement fait évoluer le débat depuis quinze mois.
Quelle approche nouvelle préconise donc l'UE aujourd'hui ?
L'Europe s'est engagée, et c'est l'élément nouveau, pour une politique de prix différenciés. On a expliqué aux labos qu'ils ne pouvaient gagner sur tous les tableaux. Nous protégerons la propriété intellectuelle, mais l'industrie doit faire des efforts pour reconnaître que ses prix sont trop élevés pour les pays en développement. On discute donc maintenant de choses concrètes: des baisses drastiques de prix des médicaments pour les pays en développement. Car l'Europe préconise une approche globale et intégrée. Où recherche fondamentale, aide au développeme