«Le matin je me réveillais avec la bouche pâteuse, elle m'a dit de retirer le patch la nuit», explique Sara, 35 ans. «Moyennement dépendante, mais quand même accro à la cigarette», cette graphiste a bénéficié d'une expérience inédite : avoir un tabacologue à disposition sur son lieu de travail pour l'aider à arrêter de fumer. Lorsqu'en juillet 1999 Coca-Cola déménage son siège à Issy-les-Moulineaux, la direction décide d'appliquer la loi Evin. Il sera désormais interdit de fumer dans les bureaux flambant neufs. Mais entreprise sans tabac, pour Coca, ne doit pas rimer avec rigidité à l'américaine. Pas question de tendre les relations humaines en obligeant des fumeurs à griller leurs cigarettes sur le trottoir. Deux salles smoking sont prévues au 2e et 7e étages ainsi que la terrasse de la cafétéria.
Plan de bataille. Mais comment aller plus loin ? A la DRH, on se renseigne. Il existe un «réseau hôpital sans tabac» animé par l'Office français de prévention contre le tabagisme (OFT), mais rien dans le privé. «Quelqu'un de Coca est venu à une conférence. Ils nous a dit : "On va déménager, aidez-nous à faire qu'on ne fume pas et que cela se passe bien." On leur a proposé de réaliser une enquête d'acceptabilité et un programme d'aide médicale sur site», explique le docteur Anne Borgne, secrétaire générale adjointe de l'OFT. L'enquête montre que 35 % des salariés fument, une proportion identique à celle de la population générale ; 89 % des fumeurs se déclarent favorables aux bureaux