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Libération

Le déshonneur suprême

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La honte empêche la plupart des employés licenciés par les grands magasins Sogo de se présenter à l'ANPE nippone.
publié le 6 mars 2001 à 23h53

Tokyo de notre correspondant

Tsutomu Shimizu est désemparé. Depuis qu'il a reçu, le 15 février, sa lettre de licenciement des grands magasins Sogo, ce vendeur nippon de 36 ans voit le piège du chômage se refermer sur lui. Jusque-là, ses démarches auprès de nouveaux employeurs sont restées vaines. Le secteur de la grande distribution est, au Japon, l'un des plus sinistrés. Seuls 20 % des 3 500 employés licenciés par Sogo dans le cadre de sa restructuration ont retrouvé un emploi.Un tableau révélateur de la nouvelle donne sociale de la deuxième puissance économique mondiale où les derniers chiffres du chômage, publiés vendredi, montrent que 4,9 % de la population active est sans travail. Le plus mauvais chiffre depuis l'après-guerre (lire ci-contre). Tsutomu avait pourtant cru qu'il pourrait éviter de pointer au «Shokuan» (l'ANPE nipponne) de Yurakucho, un quartier du centre de Tokyo où son ancien magasin a fermé ses portes depuis deux mois. «La direction nous avait promis de faire le maximum pour nous recaser», explique-t-il. Mais les efforts de reclassement de Sogo ont fait long feu. Aux employés licenciés de Tokyo, on n'offre guère d'opportunités contrairement à ce qui se passe en province, où beaucoup d'entrepreneurs se sont laissés convaincre de reprendre leurs salariés, au moins à temps partiel. Pour le Sogo de Yurakucho, dont le bâtiment vide vient d'être racheté par un «discounter» de produits électroniques, seules une soixantaine d'employés sur les 300 licenciés ont pu