Washington, de notre correspondant.
Napster respire encore, mais les grandes maisons de disques ont gagné : il est à leur merci. Hier, la juge fédérale Marilyn Hall Patel, à San Francisco, n'a pas fermé le site, mais elle l'a obligé à renoncer à ce qu'il était : un immense marché libre et gratuit de morceaux de musiques, que s'échangeaient 50 millions d'internautes.
Selon l'injonction rendue, dès l'instant où une maison de disques lui signalera qu'un morceau est protégé par un copyright, Napster aura 72 heures pour en bloquer l'échange. Les majors de l'industrie du disque Vivendi Universal, Sony, Warner, EMI peuvent se frotter les mains. Ils contrôlent de fait l'activité de Napster et ont une base juridique pour attaquer ses clones.
Dans une tentative désespérée pour infléchir la juge, l'avocat de Napster, David Boies, avait annoncé vendredi que Napster allait s'autodiscipliner et installer «dès ce week-end» un filtre permettant de bloquer les musiques protégées (Libération de samedi). Le filtre n'est pas encore au point : pendant tout le week-end, les internautes ont téléchargé frénétiquement des fichiers musicaux.
Un tel filtre, selon les experts, ne pourra être parfait. Des petits malins auront vite fait de renommer les morceaux de musique qu'ils s'échangent pour passer entre les mailles du filet. Et Napster sera considéré comme directement responsable de ces agissements, selon la juge Patel : «II serait trop difficile aux maisons de disques d'identifier tous les fichiers