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Libération

La crise est consommée

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Prix élevés, chômage, épargne... Les Japonais font la grève des dépenses.
publié le 10 mars 2001 à 23h58

Tokyo, de notre correspondant.

Impossible de les rater. Dans les hôtels de Séoul, en Corée du Sud, le spectacle des jeunes Japonaises les bras chargés de paquets fait partie du décor. D'autres vont en Thaïlande, en Malaisie ou au Viêt-nam. Attirées par des prix bien plus bas que ceux pratiqués à Tokyo, elles y dépensent des petites fortunes. Une fièvre acheteuse à l'opposé de la léthargie dans laquelle est plongée, depuis presque dix ans, la consommation au Japon. L'histoire de ces jeunes femmes est révélatrice. Malgré neuf plans de relance budgétaire successifs et l'injection de plus de 1 000 milliards d'euros de subventions publiques dans l'économie depuis le début des années 90, le gouvernement de Tokyo se cogne contre un mur inébranlable: celui des portefeuilles.

Apathie. Pris en tenaille entre les prix au détail les plus élevés du monde et une crise financière et immobilière qui déprécie chaque année un peu plus la valeur de leurs actifs, les ménages japonais font la grève des dépenses: «A chaque fois, le cycle se répète. Dans les mois qui suivent l'adoption d'un plan, un rebond a lieu, notamment dans le secteur de la construction, très sensible aux commandes de l'Etat, confirme Martine Latarre, de l'Agence financière française à Tokyo. Puis les indicateurs replongent.» Cette apathie des consommateurs fait du Japon un cas unique. D'un côté, le pays est englué dans la récession. De l'autre, le taux d'épargne des ménages y demeure, avec 30 %, le plus élevé de la planète. Se