Toujours en première ligne, et pourtant démunis. Le maire reste l'interlocuteur privilégié des Français en matière d'emploi. En cas de coup dur, quand une usine ferme, c'est lui que salariés et syndicats vont voir en délégation pour espérer empêcher une délocalisation. C'est le maire aussi qui doit trouver des entreprises, leur fournir terrains et locaux, promettre d'appliquer une taxe professionnelle basse, et assurer que les enfants auront bien des places à l'école. Quand une entreprise veut s'installer et créer de l'emploi, il lui faut un interlocuteur unique. Et la plupart du temps, celui-ci porte une écharpe tricolore.
Curieusement pourtant, dans cette campagne des municipales, les thèmes de l'emploi et du chômage n'ont pas été très porteurs. Dans neuf des dix plus grandes villes de France, les habitants jugent en effet que l'emploi et la situation économique se sont améliorés depuis cinq ans (1). «La croissance est là et logiquement l'emploi n'est plus la préoccupation essentielle des électeurs», explique Dominique Ligier, directeur général de l'Association des maires de France (AMF). Aujourd'hui, les candidats ont compris qu'il fallait faire campagne sur la sécurité et la qualité de vie.»
Ce basculement des priorités aurait même de quoi plaire à un certain nombre de maires. «On est décalés, explique l'un d'entre eux, maire d'une petite ville de province. D'un côté, les gens croient qu'on peut tout faire, tout régler, parce qu'on a une écharpe bleu-blanc-rouge. De l'autr