Genève, de notre correspondant.
«A part le fisc, presque personne ne nous connaissait à Lausanne. Lorsque je disais que je travaillais pour la maison André, les gens nous confondaient avec le marchand de fleurs du même nom», se souvient Walter Buhler. Aujourd'hui, ce cadre de la maison André et Cie, retraité depuis quelques années, est sous le choc. Figure historique du négoce des céréales, figurant parmi les plus «grands» de la planète, la multinationale André est en situation de dépôt de bilan. «Un colosse s'effondre», a déclaré Jean-Jacques Schilt, maire de Lausanne, faisant soudainement prendre conscience à ses administrés de l'importance de cette faillite pour la ville.
Darbystes. C'est la fin d'une étonnante saga familiale aux dimensions mythiques. Tous les ingrédients étaient réunis: le culte de la discrétion absolue, de fortes convictions religieuses portées par une culture familiale particulièrement austère. Jusqu'au bout, la devise de Georges André, troisième de la dynastie, «être et non paraître», aura été le label de cette multinationale qui n'a jamais communiqué. Au point que son chiffre d'affaires était mieux gardé qu'un secret d'Etat. «Dans les belles années, il aurait dépassé la barre mythique des 10 milliards de francs suisses (plus de 6,49 milliards d'euros)», avance-t-on.
Lorsque les Lausannois passaient à proximité de l'immeuble de verre au chemin Messidor, ils chuchotaient que c'était une société tenue par les darbystes, sans bien savoir ce que c'était. Dan