La Baroche-Gondouin, envoyé spécial.
Tout a commencé lundi matin. «Une bête boitait. Et puis une deuxième mâchonnait bizarrement, elle avait des plaies dans la bouche. On a tout de suite compris.» Francis, 57 ans, et sa femme, Thérèse, éleveurs, craignaient le pire depuis quinze jours. Depuis qu'un troupeau de moutons de l'exploitation d'à coté, importé d'Angleterre, avait été abattu à quelques mètres de chez eux. «Nos vaches broutaient à dix mètres des moutons, juste de l'autre côté de la route départementale. On était l'exploitation la plus proche. Depuis, tous les jours on les a inspectées plusieurs fois, on faisait le tour.»
Fumée blanche. Jusqu'à lundi. Le vétérinaire est venu. «Et puis, tout est allé si vite», dit Thérèse d'une voix blanche. Quand les services sanitaires ont procédé à l'abattage de leurs 114 bêtes dans la nuit de lundi à mardi, entre 23 heures et 8 heures du matin, Thérèse et Francis se sont calfeutrés dans la ferme, «pour ne pas y assister». Ils se sont encore blottis dans leur intérieur quand le bûcher a pris, hier à midi et demi, dans l'un de leurs champs. «Trente ans de travail foutu en l'air.» La centaine de bêtes brûlera jusqu'à demain. Tout autour, les habitants des villages voisins ont vu danser dans le ciel gris une colonne de fumée blanche comme un mauvais présage. Hier, les tests réalisés à Maisons-Alfort sur six des bêtes abattues sont venus confirmer le diagnostic.
Tapis de paille. La Baroche-Gondouin (Mayenne), 164 habitants, est le premier