Genève de notre correspondant
«Il y a quelques années, ces managers du privé si intelligents nous ont expliqué que Swissair était handicapé par les lourdeurs de l'Etat pour se développer. Aujourd'hui, ces mêmes managers tendent la main vers nous comme des mendiants.» Le commentaire au vitriol du (d'ordinaire) très placide président socialiste de la Confédération helvétique, Moritz Leuenberger, en dit long sur le degré d'exaspération face aux déboires de la compagnie. Le titre de sa maison mère SAirGroup a plongé dans la seule journée de lundi de 14 % (passant de 510 francs suisses en juillet 1998 à 170 FS aujourd'hui). Le fiasco financier de ce groupe qui réunit, outre Swissair, Sabena, AOM-Air Liberté, prend désormais une tournure beaucoup plus politique, alors qu'il s'apprête à publier des résultats catastrophiques. Après les départs en chaîne ces dernières semaines des figures de proue de SAirGroup (Brugisser, Reutlinger, Suter), le hara-kiri de son conseil d'administration démissionnaire en bloc (à une exception), le prochain épisode de la saga est attendu pour le 2 avril prochain. SAirGroup, jadis fierté nationale, connu pour l'excellence du service de sa compagnie phare, Swissair, fera connaître ses résultats de l'an 2000. Les chiffres promettent d'être «rouges, très rouges», a d'ores et déjà laissé filtrer un insider. Selon la publication Bilanz, les pertes auraient de quoi affoler les investisseurs. Elles s'élèveraient à 2,5 milliards de francs suisses. Un avocat, Han