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Libération

Lanetro.fr, trop c'est trop.

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La start-up moribonde harcèle ses salariés et veut licencier sans frais.
publié le 17 mars 2001 à 0h05

Une start-up est en train de sombrer et ses jeunes salariés découvrent dans la douleur les conséquences sociales d'un échec commercial sur le Net. Au fil des mois, Lanetro. fr est devenue une zone de non-droit du travail, où «le harcèlement est érigé en mode de gestion du personnel», dit un salarié. Objectif de la direction: provoquer la faute grave afin de pouvoir licencier sans indemnités. Dans les vastes locaux de la Plaine-Saint-Denis, des dizaines d'ordinateurs restent éteints. Seules cinq ou six personnes semblent s'affairer sur leur clavier. «Le grand nettoyage voulu par la direction est presque terminé, sourit tristement Mathieu, en chaussettes sur la moquette. Mais on ne va pas leur faire le plaisir de démissionner.»

Cityguide. Leader sur le marché des cityguide en Espagne, au Portugal et en Amérique latine, Lanetro.com est l'une des grandes réussites de l'Internet espagnol. Mais l'histoire de sa filiale française, créée en avril 2000, s'achève dans le mépris des droits des salariés. Car la vie des rédacteurs de Lanetro. fr est vite devenue un enfer. Ils sont tous jeunes, 26 ans de moyenne d'âge, diplômés et mis sous pression depuis trois mois par leur direction espagnole. Deux tiers des trente salariés présents au départ sont partis, dégoûtés par l'ambiance de travail ou le plus souvent licenciés. Avec ou sans motif d'ailleurs. Le simple fait de parler à la presse engendre des mesures de rétorsion disproportionnées: le directeur financier, Juan Carlos Campo, leur a