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Paroles et paroles et paroles...

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Christine, commerciale, a fait de la tchatche sa principale collaboratrice.
publié le 20 mars 2001 à 0h07

«Quand j'étais petite, j'avais un ours en peluche assez moche. J'ai voulu l'échanger à mon frangin contre un autre qui me plaisait mieux. Je lui ai fait l'article. J'y ai mis tellement de conviction que, lorsqu'il m'a dit "OK", je ne voulais plus lâcher l'ours. J'avais fini par croire à ce que je racontais.» Quelques années plus tard, Christine est devenue commerciale. Et a mis sa logorrhée au service de son boulot. L'ours s'est métamorphosé en espaces publicitaires, quarts de page, pleines pages, qu'elle vend à des annonceurs. Parfois, sa manie d'enfant la reprend. Elle convainc si bien son interlocuteur qu'elle ne sait plus, en sortant, si elle lui a vendu quelque chose ou rendu service. «Un drôle de truc que la tchatche, chez moi, elle balaye tout. A un moment de la conversation, je sens que ça bascule, que je suis ce que je dis, dit-elle. Un truc éprouvant aussi. Comme un boxeur, elle y met toute son énergie, termine ses entretiens sonnée, groggy, vidée. «Le soir, je suis abonnée aux "oui", "non". Mon mec râle, j'en deviens asociale. Quand je me retrouve à devoir composer dans ma vie perso, lors d'un dîner, par exemple, avec des gens que je ne connais pas, il faut parfois que je me fasse violence pour jouer ma partition.»

Christine a toujours maîtrisé l'oral. A l'école de commerce, elle a appris à manipuler mieux encore la parole. «D'abord, j'observe beaucoup, je calque ma gestuelle, le timbre de ma voix, mon débit sur celui de l'autre. Il est rapide, j'accélère; posé, je