Début décembre, Philip, 22 ans, arrive d'Angleterre. Des copains, embauchés pour la saison, ont loué un chalet à Méribel. Lui vient de finir un deuxième cycle en finances et management. Besoin de s'aérer la tête. «On te trouvera bien quelque chose», ont dit les potes. Quinze jours plus tard, Philip est embauché comme chauffeur chez un voyagiste. Un boulot peinard: conduire les clients en minibus des chalets aux pistes et des pistes aux chalets. Idéal pour ce mordu de snow-board: «J'amène les derniers clients sur les pistes vers 10 heures. Le soir, je reprends les premiers vers 16 heures. Trois fois par semaine, je fais aussi un aller-retour le midi. Dans ce cas, je reste en tenue de surf, mais les clients sont cool.»
Cool, c'est aussi sa philosophie. Pour le job, son employeur lui a proposé 1 000 F par semaine, nourri. Pour le logement, il a ajouté 100 F par semaine. Philip dépense trois fois plus pour habiter ce chalet. Il vit donc avec 800 F par semaine et a payé lui-même son forfait pour la saison. Son employeur doit le lui rembourser à la fin de la saison. Enfin, devait. Philip s'est fait virer la semaine dernière pour conduite en état d'ivresse. «Un taxi qui m'a dans le nez parce que je fais parfois le chauffeur le soir pour les clients m'a fait serrer par les gendarmes. J'étais seul, mais bourré. Le lendemain matin, j'ai été mis à la porte. Le même jour, le patron en a lourdé deux autres. Peut-être pour ne pas avoir à débourser les 4 000 F de forfait.» Mais Philip a déj