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Libération

Taux zéro, le coup d'épée dans l'eau.

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publié le 20 mars 2001 à 0h07

Tokyo de notre correspondant

C'est devenu une habitude. Hier après-midi à Tokyo, la décision de la Banque du Japon de renouer avec sa politique de taux zéro a été de nouveau accueillie avec le plus grand scepticisme par les analystes. «Le problème n'est pas le loyer de l'argent, mais le refus des Japonais d'emprunter et de dépenser», pouvait-on entendre au Kabuto-Cho, le quartier de la Bourse, engluée depuis deux semaines à son plus bas niveau depuis seize ans. Manière de signifier que la deuxième puissance économique mondiale, menacée par la récession, est incapable de briser le cercle vicieux financier. Manière, surtout, de réaffirmer que le spectre d'une crise bancaire d'envergure (lire ci-contre) reste d'actualité, à l'approche de la date-butoir du 31 mars qui marque ici la fin de l'année fiscale.

La décision engagée par le patron de la banque centrale nipponne, Masaru Hayami, avait pourtant été longuement mûrie. Depuis que l'indice boursier Nikkei a commencé à décrocher, ce pieux protestant, fervent défenseur de l'indépendance de son institution, avait déjà baissé à trois reprises les taux d'intérêt ridiculement bas en vigueur dans l'archipel. Or la Banque du Japon est même allée plus loin, en s'engageant, pour la première fois, à maintenir cette politique jusqu'à ce que cesse le mouvement actuel de déflation qui sape la valeur des actifs et incite les ménages nippons à épargner. En vain. Le fait de renouer avec les taux zéro donne au contraire l'impression que le gardien