Stockholm envoyé spécial
Les malheurs du monde agricole, touché de plein fouet par l'encéphalite spongiforme bovine (ESB) et la fièvre aphteuse, ont permis à Jacques Chirac et Lionel Jospin de s'affronter. Un avant-goût de campagne électorale, sur le dos des campagnes réelles. Samedi après-midi, lors de la conférence de presse de fin du Conseil européen de Stockholm consacré aux questions économiques et sociales (Libération du 24-25 mars), le chef de l'Etat n'a pas hésité, au prix de contre-vérités manifestes, à imputer les dérives industrielles de la politique agricole commune (PAC) aux réformes de 1992 et de 1999, coupables d'avoir diminué les prix garantis aux exploitants agricoles et institué des aides directes au revenu.
Les aides ne compensant que partiellement la perte de revenu, a-t-il expliqué, «les paysans n'ont pas d'autre choix que d'augmenter leur productivité avec tous les inconvénients» pour l'environnement et la qualité des produits. Pour le Président, l'agriculture industrielle, et donc l'ESB, est clairement due à cette PAC réformée. Implicitement, il met donc son veto à toute réorientation de l'Europe verte, et ce d'autant plus qu'il n'est pas question de «changer le mode d'emploi tous les deux ans». En 1999, à Berlin, les Quinze avaient convenu que «la règle du jeu» serait valable jusqu'en 2006. En outre, Chirac veut préserver la «capacité exportatrice de l'Union européenne», qui ne tient qu'à condition que le budget européen continue à subventionner généreu