Madrid, de notre correspondant.
Au moment de faire le «grand saut» de sa privatisation, Iberia a le vertige. Au lieu de l'euphorie que la compagnie aérienne espagnole manifestait à la fin de l'année dernière dominent l'anxiété et l'incertitude. Comment va se dérouler l'entrée en Bourse, annoncée pour le 3 avril? Les investisseurs vont-ils suivre sans rechigner? Le malaise social interne à Iberia ne risque-t-il pas de mettre en danger la privatisation? Déjà, les autorités de Madrid annoncent une baisse du prix d'introduction de l'action de l'ordre de 25 % à 50 %, alors que la fourchette du prix du titre, telle qu'elle a été définie lors du coup d'envoi de l'offre publique de vente (OPV), le 19 mars, se situe entre 1,71 et 2,14 euros.
Bons résultats. Pour le président de la compagnie, Javier de Irala, parachuté à la tête d'Iberia en 1996 pour redresser la compagnie, la privatiser et préparer son introduction en Bourse, il s'agit déjà d'un constat d'échec. Paradoxe: sur le plan financier, Iberia se porte comme un charme. Avec, pour l'année 2000, des bénéfices nets de 1,4 milliard de francs, une moyenne de 984 vols quotidiens et 29,5 millions de passagers par an, elle est devenue l'une des compagnies les plus rentables en Europe. Mais si, après avoir été au bord du gouffre en 1995, Iberia a assaini ses finances, la compagnie n'a pas su obtenir la paix sociale. Aujourd'hui, le bras de fer qui l'oppose au syndicat des pilotes (Sepla) a pris de telles proportions qu'il met en péril l