C'est une grève qui ressemble à une crise d'identité. Aujourd'hui, à l'appel de cinq organisations syndicales, les cheminots devraient massivement débrayer en France. Derrière un amas de revendications classiques (retraite, salaires...), les syndicats protestent contre la réorganisation de la SNCF dans le cadre du projet de pilotage de l'entreprise par activités. Selon eux, il menace d'orienter l'entreprise dans un sens purement commercial, au détriment de sa cohérence.
Mue. En cinq ans de présidence, Louis Gallois n'a cessé, par petites touches, d'inoculer le «sens du commerce» aux cheminots: politique de volume, réformes dans le management «notre plus grande victoire, est d'avoir mis le mot "client" dans leur bouche», déclarait il y a peu un responsable de l'entreprise. Fait remarquable, cette évolution s'est accompagnée d'une diminution spectaculaire des jours de grève. Mais aujourd'hui, la dernière étape de cette mue, la gestion par activité ou «Cap Clients», reste en travers de la gorge des cheminots, alors que Bruxelles pousse les compagnies vers la libéralisation.
En lui-même, le projet, discuté depuis neuf mois, prévoit simplement d'organiser les établissements ferroviaires sur le modèle des grandes directions en place à Paris (fret, grandes lignes, Ile-de-France, régions et infrastructure). Le but est de sauter les échelons hiérarchiques jugés inutiles, promouvoir «l'esprit d'entreprise», doter chacune des directions d'objectifs financiers et de moyens pour les atte