«L'ouverture à la concurrence n'est pas forcément négative, si c'est avec des entreprises raisonnables, comme la SNCF. Le danger, c'est quand elle se fait avec des entreprises privées qui pratiquent le dumping social. En Allemagne, les nouveaux opérateurs privés paient leurs conducteurs entre 400 et 500 marks de moins (entre 200 et 250 euros) et surtout, ils les forment beaucoup moins. A la Deutsche Bahn, la formation des conducteurs dure neuf mois. Chez les privés, j'ai entendu parler de cas où elle n'en prend qu'un. Lors de l'ouverture à la concurrence, on a tout simplement oublié de fixer des règles claires: les privés peuvent former leurs conducteurs à leur guise.
Autre conséquence, nous manquons d'argent pour l'entretien des voies et du matériel. La sécurité n'est pas menacée, mais nous devons rouler plus lentement. Cela risque de s'aggraver si le réseau est privatisé, comme on en parle maintenant.
Avec la privatisation, les anciens conducteurs comme moi ont gardé leur statut de fonctionnaire et la garantie de l'emploi. Les nouveaux ne l'ont plus et ne gagnent pas plus de 3 800 marks brut (1 900 euros). Plus grave, la Deutsche Bahn a été divisée en trois: grandes lignes, trains de proximité et transport de marchandises. Avant, nous pouvions assurer des nuits aux conducteurs de marchandises. En échange, ils nous faisaient des week-ends. Comme ça, on ne travaillait qu'un week-end sur deux. Maintenant, nous sommes pris trois ou quatre week-ends par mois, tandis que les condu