Mireille Magrin, 47 ans, est déléguée syndicale centrale CFDT de Marks & Spencer. Elle y travaille depuis 1978. Elle revient sur l'annonce brutale, jeudi, de la fermeture des 18 magasins français.
Comment réagissez-vous à l'intervention du Premier ministre?
On est satisfaits qu'il se soit exprimé sur le délit d'entrave. Mais on espère que ce ne sont pas des paroles en l'air. Et ça n'enlève pas le fait que Marks & Spencer ferme.
Aviez-vous constaté une dégradation de la situation?
On n'est pas dupes. On voit bien quand ça va mal. Mais de là à une décision aussi radicale... On croyait qu'ils allaient fermer quelques magasins. C'était douloureux mais, à la limite, on aurait pu l'accepter. L'an dernier, ils avaient rapatrié en Angleterre tous les «expatriés». Depuis, on naviguait un peu tout seuls. On était laissés à la dérive. En fait, ils nous ont laissé mourir: le stock, on l'avait pas. Les tailles, on ne les avait pas non plus.
Avez-vous rencontré Luc Vandevelde depuis son arrivée à la tête du groupe?
On a demandé à le voir. On nous a envoyé le patron de la France, de la Belgique et du Luxembourg. Il nous a dit que lui aussi serait viré. Mais avec son salaire, on ne s'inquiète pas trop. Jusque-là, les chairmen ne venaient pas en France, à cause du blocage de la langue. Vandevelde est belge, il n'a aucune excuse. Mais il s'en fout de nous. Quand j'ai entendu à la télé que les bénéfices de la restructuration iraient aux actionnaires, j'ai eu envie de casser mon poste.
Avez-vous déjà