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Libération

L'Airbus A380 ou les ailes du délire.

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Pour transporter les morceaux de l'avion de Bordeaux à Toulouse, une route à très grand gabarit doit être aménagée.
publié le 2 avril 2001 à 0h22

Toulouse

de notre correspondant

L'ingénieur outilleur de chez Airbus n'a pas mis quinze jours pour bricoler cette étude sur un coin de son bureau. Il fallait que l'acheminement des gros morceaux de l'A380 en provenance d'Allemagne et du Royaume-Uni vers Toulouse soit tout à fait réalisable ? Son étude conclut donc que la chose est tout à fait réalisable. Et ça se fera par la route. Du coup, l'Assemblée nationale vote demain un projet de loi permettant d'aménager en «extrême urgence» une route à «très grand gabarit» entre le port de Bordeaux-Langon et le site toulousain d'assemblage.

Les ingénieurs du site ont une grosse envie de rigoler à l'évocation de ce projet. «Toute cette histoire n'est qu'hallucination, explique un chargé de maintenance, un jeu politique.»

Des ailes de géant et de monumentaux morceaux de fuselage transportés en quatre convois par mois et au ralenti sur des camions spéciaux à travers les campagnes du Sud-Ouest... La caravane de six morceaux de 30 à 50 mètres de long, 8 mètres de large et de 15 de haut ne pourra pas passer sous n'importe quel pont, ni amorcer n'importe quel virage. Un projet qui amuse ces ingénieurs pour lesquels il représente une «aberration industrielle». D'abord, cela coûtera très cher d'immobiliser des centaines de millions de francs de matériel sur des petites routes lors d'un voyage de plusieurs jours pour chaque convoi. Ensuite, tous les tronçons n'arriveront jamais en temps et en heure sur le site pour y être assemblés en toute ratio