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«Matraque, notre amie à tous».

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Compagne des CRS, elle s'appelle aussi gomme, tonfa ou bidule. Celle d'Yves est dure comme du bois.
par Dominique PERRIN
publié le 2 avril 2001 à 0h22

Les CRS les plus âgés, ceux qui ont vécu 68, l'appellent délicatement «la gomme à effacer le sourire». Dans le feu de l'action, la matraque devient la «gomme» tout court. «Vous en avez des courtes et des longues, explique Yves, un CRS de 40 ans. Moi, j'en ai une longue. Comme elles sont en caoutchouc, au fur et à mesure du temps, soit elles ramollissent, soit elles durcissent. La mienne, elle est dure comme du bois.» En dix-sept ans de carrière, Yves n'a personnellement jamais connu le problème de la matraque patraque, molle à plier. En revanche, un jour, son «amie» s'est cassée en deux. Pas sur un manifestant, non. Toute seule au fond de son sac.

En jean et blouson, Yves est un père de famille à l'allure décontractée et au parler franc. En tenue de service, il se transforme en FLG, «fusil lance-grenades», à la compagnie républicaine de sécurité de Bièvre, dans l'Essonne. En ce moment, il est en «fid», en fidélisation. Il patrouille dans des villes de banlieue, muni de son pétard («mon bébé»), d'une paire de menottes et de sa matraque («notre amie à tous»). La police de proximité est loin d'être sa mission préférée. Lui, il a choisi ce métier pour les déplacements. Son plus beau souvenir reste la Nouvelle-Calédonie, en 1989. Même si les Mélanésiens lui ont causé quelques soucis: «Ils sont tellement costauds qu'ils ne sentent pas les coups de matraque.» Il aime bien surveiller les matchs, aussi. Au Stade de France, il use de son gourdin pour «impressionner et repousser» les su