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Libération

Avec les génériques antisida, le Brésil fait craquer un labo

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Sous la pression, Merck baisse ses prix.
publié le 3 avril 2001 à 0h22

Rio de Janeiro, de notre correspondant.

Pour faire baisser le prix d'un médicament, rien de tel que de menacer de le copier. C'est la leçon à tirer des négociations en cours entre le ministère brésilien de la Santé et l'industrie pharmaceutique. Vendredi, le laboratoire Merck Sharp et Dhome a réduit le prix de deux antirétroviraux (de 64,8 % pour l'Indivanir et de 59 % pour l'Efavirenz), comme il en avait annoncé l'intention le 7 mars. Le ministère distribue gratuitement les médicaments du «cocktail» thérapeutique à 95 000 sidéens et est l'un des premiers clients mondiaux des fabricants d'antirétroviraux. Suite à cette négociation, Brasilia va économiser 40 millions de dollars par an (46 millions d'euros), sur un budget global de 303 millions de dollars (345 millions d'euros) destinés à l'achat de douze antirétroviraux, dont sept génériques produits localement.

Ristourne. Pour arriver à ce résultat, le Brésil a menacé de suspendre les brevets Indivanir et Efavirenz, invoquant une clause d'«urgence nationale» contenue dans l'accord Trips (Accord international sur la propriété industrielle). Le laboratoire public Far-Manguinhos de Rio a été chargé par le ministère de produire des copies des deux médicaments. Et a réussi à reproduire l'Efavirenz à 1,1 dollar la capsule. Du coup, Merck, qui la vendait 2,05 dollars, la propose désormais à 0,84 dollar. «Notre objectif n'est pas de produire des génériques mais de faire baisser les prix pratiqués par l'industrie, explique le Dr Teixei